MIPIM. Habiter le monde : Le design pour une nouvelle proposition de (vraie) valeur

Comment habiter le monde en 2022 ? A l’occasion du MIPIM, Bouygues Immobilier a lancé le débat en conviant la designer Constance Guisset et le sociologue Michaël Dandrieux à échanger avec Olivier Durix, Directeur Général chez Bouygues Immobilier, en charge des Nouvelles Offres et participations à l’occasion de la table ronde « Le design pour une nouvelle proposition de (vraie) valeur ».

La ville construit le destin de l’humanité
— Felix Guattari

Comment faire en sorte que les gens puissent ressentir chez eux un sentiment de bien-être ? Pouvoir s’affaler dans leur canapé et souffler : « Ah on est bien là… ».

La responsabilité et les opportunités sont immenses pour les promoteurs immobiliers. Dans une table-ronde stimulante, Michel Dandrieux a d’abord rappelé la nécessité de faire la distinction entre se loger et habiter en citant Felix Guattari « La ville construit le destin de l’humanité ». Au fil des décennies, nous avons oublié qu’il existe deux manières bien distinctes de vivre la ville : l’habité et le logement, selon la formule du philosophe Martin Heidegger. Habiter c’est construire un espace dans lequel on peut s’enraciner et se déployer, rêver, imaginer, construire de l’espoir, avoir de l’inspiration. » Au-delà des pures valeurs matérielles, le sociologue a rappelé que la responsabilité des bâtisseurs était immense. « A la fin de la guerre, les logements qui ont été fait hâtivement n’ont répondu qu’à cette fonction du logement. Alors que la fonction d’habitation est une manière de permettre aux humains de développer des idées, de résoudre des crises, construire de la civilisation », détaillait avec brio Michael Dandrieux.

A la fin de la guerre, les logements qui ont été fait hâtivement n’ont répondu qu’à cette fonction du logement. Alors que la fonction d’habitation est une manière de permettre aux humains de développer des idées, de résoudre des crises, construire de la civilisation

En clair, la responsabilité des bâtisseurs des villes ne s’arrête pas au fait de poser du bâti dans la ville, ce bâti va influencer la production des idées qui vont résoudre les multiples crises auxquelles la civilisation est confrontée. Lorsque vous faite de l’urbanisme il y a une intention du vivre. Vous devez donc vous déprendre de l’approche purement fonctionnelle pour mettre du liant, de l’épaisseur. »

C’est aussi le rôle du designer de créer de l’habitat : « le corps et le regard doivent habiter l’espace, il y a une vision holistique de la part du designer qui observe et se projette, il porte un regard profond sur le monde qui l’entoure. La seule chose que je sais faire c’est faire en sorte que les gens se sentent bien, avec l’aide de microarchitectures, en mettant du vide ou au contraire en le comblant. Cela passe par le prototypage et le test pour être en phase avec le rythme du corps et de la pensée », poursuit la designer Constance Guisset, deuxième invitée de cette table ronde.

En somme, un habitat c’est un espace qui a la capacité de donner le sentiment que l’on voudrait y prolonger sa vie. Pour Michael Dandrieux, l’habitabilité c’est le mariage de 3E : espace, expérience, espoir.

Traduire en actes le « ah, on est bien là ! »

C’est à cet égard que Bouygues a intégré le design au sein de ses nouvelles pratiques.

« Nous traduisons ce « Ah on, est bien là » par un ensemble de méthodes. Nous voulons dépasser les seules contraintes règlementaires et urbanistiques qui aujourd’hui produisent du logement pour nous intéresser à la vie des gens. Nous devons nous projeter sur comment vont vivre nos clients dans nos logements, où ils se sentent bien. Le design est intégré à nos chaines de valeur, au cœur de nos réflexions dans les domaines de l’immobilier et des services. Nous traduisons l’immatériel pour le rendre réel », détaille Olivier Durix, directeur Général en charge des Nouvelles Offres et participations.

Lorsque vous faite de l’urbanisme il y a une intention du vivre. Vous devez donc vous déprendre de l’approche purement fonctionnelle pour mettre du liant, de l’épaisseur.

C’est ainsi que le design est intégré à la chaine de valeurs de Bouygues Immobilier. Le design est placé au cœur de la réflexion de l’entreprise ans la construction des immeubles, dans les quartiers inventés et dans les services proposés. Toute l’entreprise s’est acculturée à cette méthode-là.

C’est ainsi que les équipes de Laurent Michelin, patron du département design, travaillent sur des prototypes en taille réelle en construction modulaire dans lesquels vivent des « vrais gens » pour un projet de coliving. Les lieux de vie ont été testé plusieurs fois avant même que les premiers occupant ne s’y installent et que l’immeuble n’existe.

Le rôle du design thinking

Une méthode largement inspirée du design thinking « Le processus itératif comme le prototypage sont au cœur de notre travail. Le métier du designer c’est de faire la synthèse entre l’architecture, les contraintes du bâtiment et l’usager pour arriver à articuler les besoins et aller plus loin. Il faut penser les choses mieux et que l’espace de vie ne soit pas pris par la technique, qu’elle soit bien intégrée. Il faut laisser de la place à l’utopie et à l’optimisme. Cette recherche d’équilibre entre désir de vie et de technique est indispensable », détaille la designer Constance Guisset.

Prolongeant ce propos, Michael Dandrieux a ensuite rappelé que l’« on ne s’occupe pas bien de ce que l’on ne connait pas bien. Nous devons aller au-delà du savoir, expérimenter, construire des mécanismes qui obligent les gens des entreprises à connaitre le bâti, connaître les espaces et les modes de vie… tout le monde y gagne et les projets prennent de la valeur. Le travail que doivent faire les acteurs de la ville c’est de retrouver les idées qui vont faire de l’utopie et du vivre ensemble ».

« On veut reprendre la main sur les règlementations et pour cela, nous allons par exemple proposer des logements qui vont suivre l’évolution des parcours de vie, tout au long de la vie des familles. Notre ambition est de rendre l’immobilier plus fluide grâce à de nouveaux concepts de logements en désimmobilisant l’immobilier. Nous sommes aussi attendus par les collectivités à ce sujet de ces nouveaux modèles économiques et nouveaux concepts de logements », a conclu Olivier Durix se projetant ainsi dans les années à venir.

Cet article a été rédigé par Marie Godfrain, Journaliste spécialiste du design et de l'architecture.

Michaël V. Dandrieux
Michaël V. Dandrieux, Ph.D., est sociologue et co-fondateur d'Eranos. Depuis 20 ans, il accompagne les dirigeants de toutes les industries : futur des soins avec Pierre Fabre, transition de Chloé vers une gouvernance par les parties prenantes, engagement des travailleurs chez Nexans, culture d'Air France face au COVID, valeurs de convivialité de Pernod Ricard, et confiance des femmes avec L'Oréal USA. Issu de la tradition de la sociologie de l'imaginaire, il enseigne à Sciences Po Paris au sein de l'Ecole du Management et de l'Impact et siège dans plusieurs Conseils d'Administration et Comités de Mission.

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L’habitant d’un immeuble doit avoir la possibilité de se pencher par la fenêtre et – aussi loin que portent ses bras – de transformer ses murs extérieurs (...) de sorte qu’on puisse voir de loin, depuis la rue, qu’ici habite un homme qui se distingue de ses voisins, ce bétail privé de droits et affecté à ces lieux !
— Friedensreich Hundertwasser, architecte