Irving Penn ne se laissait pas intimider par ses modèles

Irving Penn se confie sur les relations entre photographiés et photographiant au Grand Palais. "Je ne crois pas m'être laissé intimidé par les modèles. Je me disais que nous étions dans le même bateau."

Le travail de portrait d'Irving Penn ressemble au tracas que causait à Roland Barthes le fait être photographié. Lorsqu'il devait poser, Barthes, sachant qu'il constituait en sujet photographié, tentait de montrer, d'un air spécifique, qu'il n'était pas dupe de sa position dans la scène, tout en prenant une pause naturelle. Au final, confia-t-il, il avait tout simplement l'air stupide. C'est à éviter ces situations que travaillait ardemment Irving Penn. Il amadouait ses sujets autour d'un café, les accueillait en jeans, papotait un peu, et ne se mettait à l'ouvrage photographique que lorsque toutes les défenses étaient baissées.

Là, entrés ensemble dans quelque territoire vital, le photographié et le photographe pouvaient collaborer à l'illusion de la pose.

I don’t think I was overawed by the subjects. I thought we were in the same boat.
— Irving Penn

Penn cherchait avant tout à produire des portraits irréductibles, immédiats, représentant graphiquement l'épaisseur du trait human, qui court des petits sourires en coin de la mondanité dont nous ignorons que nous les portons, jusqu'aux regards philosophiques qui révèlent les inquiétudes et la proximité obscure de la mort.

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Paintings no longer represent. Today it has become the role of the painting to look at the spectator and to ask him: what do you represent?
Wolfgang Paalen Form and Sense, 1945