Rue du Louvre
Nos bureaux se sont trouvés d'abord place Saint- Germain-des-Près, orientés plein Est, comme les abbayes, puis sous la lumière zénithale du passage du grand Cerf, entre le Mont de l'Orgeuil et les tradis de la rue Saint Denis. Après quelques mois au quai de l'Arsenal, sur un bateau, nous sommes montés aux Arts-et-Métiers, soutenus par la plus grande cariatide de Paris, la Femme-qu’a-l’sac des gadzarts.

Eranos habite aujourd'hui rue du Louvre, entre l'hôtel des postes, la bourse du commerce et l'échangeur des halles, à vue d'oeil de la façade orientale du palais que les Français, en 1665, ont refusé de confier au Bernin, au pretexte de protéger le Louvre (pourtant ce “repaire de loups") de la sauvagerie du baroque italien.

Le musée de la fondation Pinault par Tadao Ando
Halle aux blés. La chance de François Pinault — parmi d’autres chances — est d’avoir pu convaincre Tadao Ando de modifier la halle aux blés devenue chambre de commerce, afin d’y loger sa collection d’art contemporain. Une chance car l’architecte japonais se fait rare, notamment en France où on ne lui connait qu’un petit édifice destiné à la méditation. Ando est l’artisan de l’intériorité et de la contemplation, il l’avait prouvé par la restructuration de la Punta della Dogana, qui, là aussi, accueille la collection du même François Pinault, dans un très beau bâtiment, qui — tient — lui aussi accueillit du grain.

La Poste du Louvre par Dominique Perrault
Nocturnes. Il paraît inconcevable que la poste du Louvre puisse être fermée, elle qui, justement, a tant été celle qui restait ouverte tard, afin d’accueillir les pas précipités, les déclarations d’impôts et ainsi tous nos soulagements. Le cachet a si souvent fait foi que Dominique Perrault, qui prend le risque de la fermer le temps des travaux de transformation, annonce qu’il a dessiné un espace lui aussi ouvert nuit et jour. Difficile projet, pour l’homonyme de celui qui, trois siècles plus tôt, dut redessiner la façade orientale du Louvre.

Le ventre de Paris
Culture populaire. La proximité d’un ventre, fut-il de Paris, est toujours une intrigue, car elle est la promesse d’un dedans, d’une mystérieuse transformation, voire d’une renaissance. De Zola, ou de Greenaway, le ventre est toujours gros d’une idée, d’un projet, d’une prétention, d’un renouvellement. Les Halles (on dit encore "le trou des Halles") est ce creuset où s’élabore quelque chose, mais qui ne peut advenir seul sans palabre, conflit ou bavardages. "Ca rouscaille". Les choses s'y déploient entre pourrissement et renaissance. L'échangeur du métro des Halles est aujourd'hui ce ventre véritable où les vacanciers, les platriers et les âmes attardées croisent leurs humeurs et leurs rêves de recommencements.

